Je suis Hyperémotive

Je suis Hyperémotive

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Hyperémotivité : "je pleure... de bonheur"

"Je suis émotive et fière de l'être devenue. Je peux pleurer devant la télé, devant quelqu'un qui pleure, en pensant à la misère dans le monde... Mais pas seulement. Entendre mes enfants éclater de rire me fait parfois pleurer, les regarder dormir, leurs sourires et les "je t'aime" qu'ils me chuchotent à l'oreille aussi. Sans doute une façon physique d'exprimer une telle joie intérieure. Mes enfants, mon bonheur ! Une maternité nous apprend à rire, à pleurer, à douter et à se remettre en question, à avoir peur. Parfois une petite larme veut dire beaucoup, qu'elle soit triste ou joyeuse."

Hyperémotivité : "je pleure à toutes ses premières fois"

"Depuis que je suis maman je pleure pour tout, ou presque. J'ai pleuré lorsqu'il a dormi pour la première fois dans un grand lit et plus dans son couffin, j'ai pleuré quand il a commencé à marcher à quatre pattes, j'ai pleuré quand j'ai arrêté d'allaiter, j'ai pleuré pour son premier petit pot. Je pleure parce que je le vois grandir et je continuerai à pleurer en le voyant grandir. Je pleure quand je vois des bout'choux pleurer alors qu'avant, cela ne me faisait ni chaud ni froid."

Hyperémotivité : "depuis l'arrivée de bébé, j'ai peur de l'échec"

"En matière d'hyperémotivité, un exemple me reviens toujours à l'esprit. Je n'avais pas fait de lessive pour ma fille et je n'avais que des body à manches courtes sous le pyjama. J'ai pleuré parce que j'avais peur qu'elle ait froid. J'ai fini par envoyer mon homme sécher son linge au lavomatique parce que j'étais trop mal. On était au mois d'avril, il ne faisait même pas froid"

Hyperémotivité : " je pleure face à la solitude"

"Après avoir accouché, je pleurais sans cesse ! J'étais triste mais je ne savais pas pourquoi. J'ai eu un travail et un accouchement assez difficiles... Ce à quoi la fatigue s'est ajoutée et n'a rien arrangé. Et puis, on ne nait pas mère, on l'apprend ! Ce n'est pas facile tous les jours. J'en ai beaucoup parlé autour de moi, ce qui m'a fait du bien. Aujourd'hui, ma fille a 10 mois et j'ai repris le travail depuis 3 mois et tout se passe bien. Mon bilan : tous les jours enfermé avec bébé à la maison, ce n'est pas bon, il faut voir du monde !"

Hyperémotivité : "La perspective d'une séparation me fait pleurer"

"Je suis beaucoup plus émotive depuis la naissance de ma fille, ce qui a le don de rendre dingue mon mari. Je pleure le dimanche soir à l'idée de retourner bosser et de ne pas profiter toute la journée de ma fille. Pourtant elle est gardée par mes parents, elle est dorlotée mais rien n'y fait, je suis triste. De plus, il suffit qu'elle me fasse un sourire et je fonds en larmes. Chaque instant passé à ses côtés est magique pour moi. Je me suis battue pendant 7 ans pour devenir maman alors pour moi, c'est très émouvant de voir mon bébé miracle évoluer."

Hyperémotivité : "la fragilité de bébé m'a trop affectée"

"Je pleure pour un rien depuis la naissance de mon ange mais le pire, c'est quand je suis malade car j'ai peur de contaminer mon petit Evan, 7 mois. Tout a commencé lorsqu'on est rentré de la maternité, j'ai eu une gastroentérite et je me suis mise à pleurer par peur de contaminer mon fils, d'être une mauvaise mère. Heureusement il n'en était rien.

Trois semaines après sa naissance, son papa s'est enrhumé et Evan n'y a pas échappé. Gros rhume, lavage de nez pendant deux jours et on a fini aux urgences, par simple inquiétude. Le lendemain, rendez-vous chez le pédiatre et là, hospitalisation d'Evan pour une bronchiolite sur-infectée, une infection pulmonaire et une déshydratation.

En douze heures son état s'était dégradé. J'étais inconsolable : c'était de ma faute, je n'ai pas su le protéger, d'autant plus qu'Evan est un prématuré. Son papa s'en voulait aussi après les quinze jours à l'hôpital de notre bébé. Au mois de mars, j'ai attrapé la grippe et j'ai à nouveau pleuré toutes les larmes de mon corps, le risque était trop lourd à supporter.

Heureusement, cela n'a pas été le cas mais comme son père était malade également, nous avons envoyé Evan chez ses grands-parents pour ne pas le contaminer car il était encore fragile des poumons. En avril, il nous a fait une rhinopharyngite et j'ai recommencé à pleurer, car je n'ai pas su protéger mon fils. Désormais, je pleure quand l'un de nous est malade car je suis tétanisée pour Evan."

Hyperémotivité : "je pleure devant la télévision"

"Dès que je regarde un film, un dessin animé ou les infos j'ai les larmes qui me montent aux yeux, c'est franchement horrible. Le pire, c'est que je pleure même quand les gens sont heureux. Dernier exemple en date : un reportage sur des gagnants aux jeux."

"Avant je ne pleurais jamais pour les belles choses, maintenant je pleure tellement... Depuis que je suis maman, je craque systématiquement devant la série 7 à la maison, pas de tristesse mais par solidarité. Avant bébé, cela me touchait à peine."

"Pendant plusieurs mois après mon accouchement, je ne pouvais plus regarder les séries américaines telles que Dexter, Profiler, NCIS,... Pour moi, c'était insupportable de voir que mon enfant devait grandir dans un monde aussi dangereux." 

Hyperémotivité : "la douleur de bébé m'est insupportable"

"J'ai commencé à pleurer le deuxième jour après sa naissance. J'avais décidé d'allaiter, ce qui me tenait à coeur afin de lui apporter le meilleur. Les quelques jours qui ont suivi se sont terminés par un arrêt de l'allaitement car ma fille ne tétait pas efficacement. On a du lui couper le frein de la langue qui était trop court, d'où peut-être l'échec de l'allaitement. Premiers effets de cet échec : j'ai commencé à culpabiliser à chaque biberon, je pleurais inlassablement. On m'a alors dit que ce n'était qu'un baby blues, que ça passerait. Les semaines ont passé sans amélioration. La petite a eu beaucoup de coliques et un reflux gastro-oesophagien. Résultat : elle hurlait toute la journée et à chaque crise, je pleurais avec elle. Notre fille aura 3 mois dans quelques jours et elle va un peu mieux. Je pleure beaucoup moins mais je remarque que cela revient en fonction de crises de bébé".

Hyperémotivité : "je pleure car je n'arrive pas à combler tous ses désirs"

"Nous sommes parties dans un magasin de jouets. Dehors en exposition, il y avait ces fameuses maisons en plastique qui coûtent très chères. Ma fille s'est littéralement jetée dessus. J'ai réussi à l'en décrocher sans larme, sans caprice... Malgré tout, j'ai quand même eu le coeur brisé et je me suis mise à pleurer car elle avait adoré jouer avec, qu'elle était en admiration devant ces maisons et que je n'avais pas les moyens, ni la place nécessaires dans notre appartement, pour lui en offrir une. Du coup, je me suis promis d'avoir une maison un jour, pour pouvoir lui offrir la cabane de ses rêves."

Comment expliquer l'hyperémotivité des mamans : l'éclairage de Paola Aburto

De nombreuses femmes en ont fait le constat : depuis qu’elles sont mères elles sont plus émotives, voire hyperémotives, pleurant pour un rien. Selon vous, comment peut-on expliquer cette hyperémotivité ?

Devenir mère est un processus qui s’explique par une transformation psychique et psychologique importante. Une traversée parfois chargée en émotions dont les remaniements sont importants. Quelquefois, ce voyage est douloureux. D'autres fois, il se réalise sans que la femme se rende vraiment compte du travail psychologique accompli. Pendant toute cette période « périnatale » (dès le désir d’enfant jusqu'à l’âge de 3 ans de l’enfant), il n’est pas rare de vivre de façon différente. La sensorialité et la sensibilité sont les modes de communication et d’échange qui permettent d’établir du lien et de l’attachement avec son enfant. Petit à petit, grâce à la différenciation et à l’altérité, l’enfant gagne une certaine autonomie affective. Par conséquent, la mère est moins bouleversée par tous les sentiments qui traversent son enfant. L’hyperémotivité est davantage présente lorsque l’indifférenciation mère-enfant est encore fortement présente.

Comment différencier l’hyperémotivité que l’on ressent à la naissance (baby blues, d’origine hormonale) et celle qui s’installe, qui persiste au fil du temps ?

L’hyperémotivité est souvent présente dès la grossesse. A l’approche de la naissance, elle connaît un pic. L'objectif : permettre à la mère de répondre de façon adaptée à son nouveau-né par une « préoccupation maternelle primaire ». Cet état s’apaise peu à peu pour permettre à la mère de gagner de l’assurance et d’autoriser son enfant à devenir de plus en plus autonome.

L’hyperémotivité après la naissance est donc nécessaire et normale.

Il n’y a pas de temps défini pour qu’elle s’apaise. En revanche, elle peut au fil du temps, cacher des angoisses maternelles qui rendent la relation parents-enfant particulière. Cela se traduit par des enfants qui sont considérés comme des bébés, malgré leur âge parfois avancé. Le père a alors une place importante pour permettre à la mère de réinvestir le couple afin de l’aider à se séparer de l’enfant de manière structurante.

Pourquoi le fait d’être maman nous rend plus sensible ? Peut-on parler d’une forme d’empathie propre à la jeune maman ? Comme toute crise identitaire, les transformations liées à la maternité nous font connaître des aspects qui paraissent nouveau. Devenir mère, c'est aussi se rendre compte que nous sommes indispensables pour un petit homme, que notre présence est essentielle pour le développement de l’enfant, que nos priorités sont différentes, que nous avons besoin de décoder tout ce que nos enfants nous disent sans forcément utiliser les mots adaptés, ni les comportements justes. Pour être à l’écoute de tout cela, il faut avoir pu développer une sensibilité importante, et retrouver cette sensibilité d’autrefois que nous avons tous connus lorsque nous étions nouveau-nés.

Comment expliquer que le papa ne soit généralement pas sujet à ce type de comportement ?

Les transformations chez l’homme se font dans un espace-temps parfois différent de celui de la femme. La grossesse et les phénomènes physiologiques aident la femme à vivre ces transformations de manière rapide. En revanche, le père a le temps et il est important de lui laisser ce temps. Quelques couples ne réussissent pas à surmonter la période périnatale à cause d’un décalage dans ces transformations psychologiques. Se faire aider dans cette période peut s’avérer très positif. Les pères peuvent avoir du mal à reconnaître une difficulté particulière dans cette phase, mais lorsqu'une aide thérapeutique et un accompagnement sont proposés, ils sont volontaires pour soulager ce qui s’avère complexe pour eux. D’autres pères peuvent vivre dans le même espace-temps que leurs femmes toutes ces transformations. Ils peuvent également être très sensibles et hyperémotifs. Il est important de partager avec eux et leurs proposer de parler de tout ce qui ressentent.

Comment intégrer en tant que maman, ce nouveau trait de caractère, accepter son hyper-émotivité ?

Nous sommes de plus en plus habitués à tout maitriser et ne plus accueillir la nouveauté avec simplicité. Notre société de consommation et de contrôle nous fait oublier que les épreuves de vie nous transforment et nous enrichissent. La sensibilité et l’hyperémotivité ne sont pas des défauts. Bien au contraire, ils nous aident à développer un mode de communication basé sur l’affectivité et l’émotion. Si nous n’oublions pas à quelle place nous sommes, ces nouveaux traits de caractère sont un plus dans notre rapport au monde et à autrui.

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